Lettres du Docteur Lamote

 

Lettre N°20

 

Mokamo,4-08-1937

Gaby écrit.

Vous n’allez pas le croire, mais Eugène m’a abandonnée avec Jantje et est parti tout seul poursuivre son travail en brousse.

Nous sommes à Mokamo et attendons ici le bateau qui nous amènera samedi à Bagata, d’où nous poursuivrons vers Bandundu. De là, nous prenons l’avion pour Léopoldville. Nous y resterons un mois et demi pour me refaire une santé et une nouvelle dentition.

Comment est-ce arrivé ?

Voici : il y a quinze jours, nous recevions le nouveau Directeur Adjoint de la Foréami en visite d’inspection, Dr Van Wijmeersch et son épouse. Ils ont séjourné 8 jours chez nous en brousse. Nous nous connaissions déjà. Eugène avait fait son stage de brousse chez lui.

Dr. Van Wijmeersch son épouse, Gaby et Eugène

 

A l’époque j’étais grassouillette. Ils furent consternés en me voyant amaigrie, surtout qu’il me manquait trois dents devant. Le docteur rédigea une lettre à l’attention du Directeur pour me permettre d’aller à Kin aux frais de l’Etat. La réponse ne se fit pas attendre, et voilà pourquoi Jantje et moi sommes en route pour Léopoldville, où je serai déjà arrivée quand cette lettre, postée à Bandundu, vous parviendra.

 Eugène va bien, évidemment, il devra se faire à la solitude. Mais je suis rassurée, notre nouveau boy cuisine, lave et repasse bien.

 

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Et notre maison ? Là aussi le Dr. Van Wijmeersch a réglé le problème. La C.K. (Compagnie du Kasaï) construira une maison en briques et, pour le Nouvel An, elle sera prête.

En attendant, nous occuperons la maison des passagers de la C.K., ici à Mokamo, où nos meubles sont déjà arrivés.

Ce sont de jolis meubles modernes. Pour la salle à manger : un buffet, huit chaises et une grande table. Pour le salon : quatre fauteuils « Maurice », une structure en bois qui demande des coussins, c’est le fauteuil-club type au Congo. Une petite table de salon.

Pour la chambre à coucher : un grand lit, une garde-robe, une commode, un lavabo et une table de nuit.

Ensuite nous avons encore un bain, une étagère pour la cuisine et une étagère garde-manger avec moustiquaire pour les aliments.

Nous sommes bien servis. Dommage que nous soyons obligés de tout entasser dans deux pièces de cette petite maison. Enfin, c’est mieux que rien.

A mon retour de Léopoldville, je ne voyagerai plus autant. C’est trop difficile avec le petit...

J’attends une lettre à l’adresse « Hôpital des Blancs » Kinshasa.

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